Faire une figurine 60mm (NAM)



LES OUTILS ET MATERIAUX

Avant de commencer à modeler une figurine, ou à transformer une pièce il faut se munir d’outils et de matériaux. Mais attention à ne pas tomber dans l’excès en achetant tout et n’importe quoi,  en effet ce n’est pas parce que nous avons tel ou tel outil que l’on arrivera à modeler ou sculpter correctement. Il faut juste se faire ses outils à sa main et non l’inverse.
Concernant les outils, comme je vous le disais, il n'y a pas de mallettes exactes, il vous faut des outils qui vont à votre main, mes outils sont les meilleurs pour moi, mais ne seront peut être pas les meilleurs pour vous! N’allez pas acheter les mêmes qu'un tel ou tel sculpteur, car dans vos mains ça ne donnera peut être pas les mêmes choses!
Dans les miens, il y a des pinceaux gomme, pinceau à poil pour lisser, des outils pour gratter, pour lustrer, des outils de dentiste et d'autres fait maison. Des pinces, des cailloux pour texturer les sols, perceuse et autres lames....




Concernant les pâtes à modeler c’est la même chose, je pense qu’i l faut essayer un peu toutes les pâtes et en choisir une avec laquelle on fera la majeure partie de la figurine. Mais il n’est pas interdit d’utiliser plusieurs pâtes sur une même pièce, en effet seul le résultat compte. Quelques pâtes : milliput, duro et autres fimo ou sculpey, plus une petite essence pour lisser



Quelques matériaux qui peuvent servir à faire des armes, boucles de ceintures : cartes plastiques, différentes tiges de laiton, cuivre ou fer blanc, fil d'alu ou de cuivre et tige plastique



Des dessins académiques sur plusieurs échelles, je les ai plastifiés et cartonné, ça évite de les salir ou les abimer



Afin de gagner un peu de temps lors de mes créations, j’utilise des académies en résine.
Les deux premières faites maison et tirées en résine (1/35ème et 75mm) et la troisième issue de la marque JMD, pour les moins acharnées il y a également des mains et des têtes en vente dans le commerce.



LE CONCEPT

Maintenant il faut faire une recherche historique sur la future pièce, à savoir l'époque, les équipements, les armes et un peu d'histoire, pour connaitre le temps qu'il faisait durant les combats, la topographie des lieux, tout ça pour commencer l'ébauche d'un mouvement de corps.
Cette recherche peut également être effectuée dans le cas où l’on voudrait faire du fantastique ou Héroic-fantaisie.

Après avoir effectuées celles-ci  à l’aide de mes propres documents et livres  ainsi qu’internet, je monte sur une page à l'aide d’un logiciel informatique, tout ce dont je vais avoir besoin pour modeler.
Je mets tous les documents sur une seule page car ça prend moins de place sur le bureau, de plus on peut emmener cette fiche  partout pour sculpter et pas besoin de 10 bouquins ouverts...

Moi qui ai l’habitude de faire beaucoup de période 19ème siècle, j’ai envie de me tenter avec du plus récent.
C'est donc décidé, je passe au moderne! Un soldat américain durant la guerre du Vietnam, il n'aura pas un M16 dans les mains, trop conventionnel pour moi, mais un M79, pour les connaisseurs c'est un lance grenade, il aura plus ou moins d'équipement (je ne sais pas quoi encore), et un pare-éclat , et je pense le laisser tête nue.
Pour le visage j'ai décidé de prendre un afro-américain, ce type représentait tout de même 31% des effectifs des GI, et ils ont payé un lourd tribut.
Ce que je viens de faire, est un peu l’ébarbage pour un peintre qui vient d’acheter une figurine. C’est une étape très importante à mes yeux pour un minimum de réalisme de la pièce.



Un visage pour une 54mm

Tout d'abord je fixe "une académie" de visage en résine sur un morceau de fil d'alu, puis je le gratte avec une lame afin que la pâte adhère plus facilement et comme suit :
- modelage de la forme d'un visage
- dessin des proportions
- dessin des orbites, nez et début de bouche
- première œil, on peut voir à coté que j'utilise juste une boule de pâte que je travaille
- deuxième œil
- ébauche des principaux traits du visage, là ça fait caricature de type africain
- on commences les finitions, dans ce cas là je modèle au pinceau gomme et au pinceau à poil avec essence
- et enfin la pièce terminée, mais là sur la photo on voit un problème au niveau des deux yeux...il  faudra  donc y retoucher.

Petit truc : pensez à faire des photos de votre pièce, mais également la regarder dans un miroir, on voit tous les défauts comme ça, et on peut retravailler dessus ; pensez également à ne pas y toucher durant deux ou trois jours, et bizarrement les erreurs sautent aux yeux !


Résultat après retouches 



Une arme à la bonne échelle


Je vais  créer une arme à l’échelle de ma pièce : le fameux M79.
Tout d'abord, j'imprime la photo d'un M79 aux proportions voulu, dans ce cas la longueur sera de 27mm (cf. : photo grandeur nature pour ma pièce du dessous)
Puis je découpe un morceau de tige de cuivre au diamètre voulu, dans ce cas 1,5 mm
Avec du milliput, j'entoure la tige et je fais un modelage grossier de l'arme. Après séchage, je façonnerai la pièce avec scalpel, lime et autres papiers de verre.

Après ponçage et autres coups de lame, voilà ce que l'arme donne, mais l’inconvénient avec la petitesse de l'arme c'est que ça peut casser, alors attention au coup de lame!
Une fois la pièce à la bonne forme j’utilise un cutter et une pointe de métal  pour graver les rivets et autres vis.
Je modèlerai les autres détails une fois ma figurine bien avancée.



Les proportions du corps 
Par rapport à un gabarit (que l’on peut trouver dans de bons livres traitant de l’anatomie), je place à l’aide de fil d’alu de 0,8mm la tête (que j’ai créé), un buste, des hanches, des "pieds" et des mains, le tout en résine (marque JMD) ça fait gagner beaucoup de temps.




Après avoir monté l'armature et vérifié les mesures, je peux commencer le mouvement.
Celui-ci doit être exagéré mais pas trop. En fait, il faut l’accentuer car quand on va modeler les muscles et les vêtements, ce mouvement va s'atténuer avec toutes les masses sur l'armature.

Pour créer ce mouvement, il faut qu'il soit le plus naturel possible, et pour ce faire, soit on le fait soit même en se regardant dans un miroir, soit on prend un modèle.

Je vous ai dessiné également des traits en rouge sur la photo, il faut penser qu'une figurine (ou même un homme réel) a toujours un équilibre, et cet équilibre se fait par un schéma en "S" ou désigné ici par une VAGUE, se sont les forces qui s'opposent pour que quelqu'un tienne "debout".


Passons alors là à la musculature.
Une fois l'académie terminée, je prends une pâte type époxy (duro dans le cas présent) et je pose quelques masses ici et là, vous remarquerez que je ne les dessine pas entièrement car je vais ensuite habiller la pièce.
De plus cette pâte époxy me sert également à fixer la pièce, qu'elle soit plus "dur" afin que je puisse la maintenir et apposé ma pâte à modeler.



Les chaussures

Dans les cas présents ce sont des rangers, mi-cuir mi-toile, ce que l'on appelle Jungle Boots.

Dans un premier temps je mets quelques coups de lames de cutter dans la pâte sèche ainsi que dans le pied en résine, puis j'applique au pinceau une fine couche d'essence, c'est en fait pour que le sculpey tienne rapidement sur ma pièce.

Seconde étape, j'applique une couche de sculpey, je lui fais une botte, je l’ai fait grossièrement et assez épaisse, en effet je reviendrais tailler dedans par la suite.



Troisième étape, je taille dedans avec une belle lame de scalpel bien aiguisée, et je lui donne la forme que je désire obtenir en fin de modelage


Quatrième étape, je lisse au pinceau gomme et je dessine une semelle.
Suite à cette étape, comme la chaussure est lisse je peux voir où je dois ajouter ou retirer de la matière. On peut d’ailleurs remarquer que la chaussure n'a pas assez de talon (et là je ne parle pas de la semelle, mais la bosse du talon du pied, c'est à dire l'arrière de la ranger), je reviendrais donc remettre un peu matière.



Cinquième étape, je dessine avec un outil et à l'aide d'une lame de scalpel les différentes coutures de ma botte, puis je viens lisser avec un pinceau fin et un peu d'essence.
Attention dans la dose d’essence sur le pinceau. En effet, l'essence fait fondre la pâte.
Je pose ensuite mes plis et les lisse. Là, il faut faire attention à quelque chose, les DIFFERENTES MATIERES et donc leur propriété... Le cuir sera moins souple que le tissu, mais dans le cas de la ranger, pas trop de problème, en effet la jungle boots était faite en grosse toile kaki et un cuir assez souple, donc on devrait obtenir quelque chose de similaire dans les plis...



Sixième et dernière étape pour le moment, je lisse avec un pinceau et de l'essence toute la chaussure, puis je viens poser les lacets, la technique est simple, je fais un boudin assez fin, je le coupe en morceau et je viens l'appliquer au pinceau tout en lissant avec de l'essence.



Le pantalon


La première étape est toujours la même, je mets des coups de scalpel sur le duro sec et je passe mon pinceau d'essence



Seconde étape, je mets une première couche de pâte, et je fais en sorte de bien appuyer sur celle-ci afin qu'il n'y ait plus d'air entre le duro et la première couche de pâte, ça évitera beaucoup de désagrément, comme des fissures lors de la cuisson par exemple.



Troisième étape, une seconde couche de pâte est mise, celle-ci est mise avec un peu plus de précision afin de commencer à percevoir la forme du pantalon



Quatrième étape, à l'aide de mon scalpel, je modèle la forme quasiment définitive de mon pantalon.



Cinquième étape, je dessine à l'aide d'une "grosse" aiguille les plus gros plis, je le fais grossièrement avant de poser les tensions générales du tissu.



Sixième étape, avec mes pinceaux « gomme » et pinceaux normaux (à poil, donc), j'affine les plis et je les fonds entre eux.



Septième étape, je pose les plus petits plis à l'aide d'une petite aiguille.
Ainsi on voit un peu mieux les tensions du tissus, sachant qu'il s'agit d'un tissus fin, il faut que les plis soient "nerveux", c'est à dire avec des arrêtes tranchantes et fines.


A ce niveau là, je fais une poche un peu remplie, les images parleront mieux que moi…


Huitième étape, je fini la pièce en dessinant les coutures, je peaufine les petits plis et je lisse le tout avec de l’essence.


Après avoir laissé reposer la pièce une petite journée, voici les erreurs que je peux remarquer :


Dernière étape, je refais tout ce que j'ai pu constater comme défaut (à mes yeux), comme le genou non apparent et quelques plis disgracieux.
Pour la correction, il ne faut pas que je baisse de trop le genou, car en matière de figurine, le plus joli est de faire un tibia un peu plus grand que de nature, en effet ça affine la silhouette de la pièce. Certains diront que c'est une erreur anatomique... mais visuellement, et artistiquement parlant, c'est beaucoup plus joli (pour moi en tout cas, et vous pourrez le vérifier sur beaucoup de figurines du commerce ou non).
Pour le redescendre, je mets une boule de pâte un peu plus basse et je la fonds dans la matière,
pour le reste, je mets ici et là des petits coups d'aiguille que je fonds avec mon pinceau,
Et pour affiner les autres plis, je mets juste un petit coup de scalpel ici et là!

Enfin, je laisse un peu reposer la pâte, et d'ici deux ou trois jours (le temps que la pâte durcisse un peu et que l'essence s'évapore) je reviendrais avec une fine aiguille et une lame, afin d'accentuer certains plis et redessiner les traits fins comme les lacets de la ranger qui montent jusqu'au genou.

Après avoir fait la seconde jambière, je m’aperçois que les deux jambes ne sont pas homogènes, celle que je viens de faire à les plis beaucoup trop gros, et en plus le lacet ne serre pas assez le mollet.
Résultat des courses : on ne laisse pas ça comme ça, un peu de jeu avec le cutter et on refait les plis.

Quand  je fais la poche gauche, je prends garde de mettre un peu plus de pâte dans le bas de la poche.
En effet, vu sa position, le matériel se trouvant à l’intérieur suit l'attraction terrestre, et il ne faut pas omettre quelques petits plis de tension tout autour de la poche.


La veste


Même technique que le pantalon.

Première étape, je place un gros boudin que je mets autour de la ceinture.
Je l'étale ensuite jusqu'aux mi-cuisses en prenant soin de ne pas trop l'écraser, en effet,  il faudra avoir assez de matière pour dessiner les plis. Une fois bien étalé, je coupe au cutter le bas de la veste, comme ça j’ai une coupe bien droite.
Je ne place pas encore les plis mais je dessine tout de même un semblant de ceinture.
Je la dessine exagérément penchée pour "simuler" l'inclinaison du bassin, on verra beaucoup mieux son déhanché.


Une fois le volume voulu je dessine avec une aiguille la "fermeture" de la veste, ainsi que la ceinture


Je place ici et là les tensions de la veste, je les dessine grossièrement avec une aiguille.


Seconde étape, la création de la fermeture de la veste et du col se déroule en 4 étapes :
1 : je mets des boudins assez fins sur les traits que j'ai dessiné au préalable
2 : j'écrase mes boudins coté tissu, afin de les fondre dedans
3 : je fini de fondre un coté du boudin sur le tissu, et l'autre coté est découpé soigneusement avec une fine lame, afin d'obtenir une découpe franche et droite.
4 : enfin je fini de lisser tout ça avec un pinceau imbibé d'essence


Je lisse mes plis avec un pinceau gomme et mon pinceau imbibé d'essence.
Vous pourrez remarquer que je ne me suis pas attardé sur les plis de coté et du dos, en effet, ce soldat va ensuite porter un gilet pare-éclat.


Troisième étape, je fais tous les détails, poches, couture, finition des plis, ceinturon...
Vous pourrez remarquer également des traces grossièrement faites à l'aiguille, il s’agit des limites du gilet pare éclat


Quatrième étape, après quelques heures de boulot voici notre joli "full metal jacket" à savoir le gilet pare-éclat.


Une petite séance photo pour la sacoche arrière, elle n'est pas encore finie, en effet manque quelques rivés et peut être quelques matériels.
Pour cette sacoche, je pars d'une boule de pâte que je fixe à ma pièce et je la modèle, tout simplement.


Enfin les manches, je ne vais pas m'attarder avec des explications, en effet, c'est la même technique que celle expliquée sur le pantalon.
Mais une petite astuce très importante, il ne faut pas oublier de marquer les coudes, même à les exagérer.
Voici les quatre étapes en photo.


J’espère que mes explications auront été claires pour tous, car je suis plus doué avec un cure-dent et une aiguille qu’avec une plume.
Cette technique n’est pas LA technique mais juste la mienne. Je vous conseille tout de même de l’essayer, peut être que vous l’adopterez.
Vous aurez également remarqué que je vous ai présenté que des photos en noir et blanc, en effet les sculptures sont plus lisibles comme ça.
Une petite astuce concernant les plis, afin de les reproduire observez bien les vêtements que vous portez, ainsi que ceux des gens qui vous entourent, et analysez également les photos d’époques. S’il n’y en a pas sur votre sujet  (les romains par exemple) regardez les films historiques et rapprochez vous des groupes de reconstitutions.
Une dernière photo de la petite pièce peinte par Eric COULON, en revanche je ne vous donnerais aucun détail sur sa technique ne la connaissant pas…mais c’est de l’acrylique.

1 commentaire:

  1. magnifique au moins une belle demonstration en photos merci
    Philippe Bemelmans

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